Avez-vous déjà eu l’impression d’être passé de l’autre côté de l’écran de télé en visitant un endroit ?
C’est la première impression que j’ai eue au moment d’entrer sur la Place Rouge de Moscou, un soir de Novembre 2011.
C’était la première fois que j’allais en Russie, un énième déplacement professionnel, et pour une (rare) fois, j’avais posé un jour de congé pour aller voir ces endroits extraordinaires que sont la Place Rouge et le Kremlin avant de rentrer à Paris.
Pour l'anecdote, la "Place Rouge" en Russe est à l'origine la "Belle Place", l'adjectif Krassnaya signifiant en russe ancien "Beau" autant que "Rouge"...
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Vue d'ensemble du Kremlin
Moscou, c’est pour moi une ville magique et mythique, comme doit l’être Paris pour des millions de personnes qui rêvent de visiter la ville-lumière. D’autant plus mythique que je fais partie de cette génération qui a entendu tant et plus que l’Union Soviétique – eh oui, j’étais au collège du temps de l’URSS ! – était un pays tellement fermé qu’il était impossible ou presque d’y aller. Alors je dois dire que j’étais la plus volontaire de mon service pour aller auditer un fournisseur dans la très grande banlieue de Moscou.
Je savais que la capitale russe avait d’incroyables avenues, un périphérique à 4 voies (dans chaque sens !) et qu’elle s’apprêtait à battre le record du monde des embouteillages, alors que j’avais été bercée d’images de Moscou avec un trafic assez limité, principalement de Lada et autres marques russes.
Petit flashback sur mes années collège et lycée à la fin des années 80 et au début des années 90, démenti à l’instant où j’ai franchi la porte du hall de l’aéroport : une nuée de taxis nous attendaient, et je n’exagère pas. Moscou-Cheremetievo étant la porte d’entrée aérienne en Russie quand on arrive de Paris, (Aeroflot et Air France y sont basées), j’avais 35 km d’autoroutes urbaines et de bouchons pour prendre en pleine face le gigantisme de la capitale russe.
Je me souviens avoir remarqué que la ville est tellement étendue que les immeubles ne sont pas mitoyens, et qu’ils sont tellement grands, qu’ils ont parfois 10 entrées différentes. Sentiment que mes nombreux voyages en Russie et mes 3 ans d’expatriation sur place n’ont jamais démenti.
Depuis mon premier voyage en 2011, je suis allée des dizaines de fois à Moscou, principalement pour raisons professionnelles. Mon patron et mes collègues étant basés à Moscou et moi à Rostov, j’avais un abonnement sur les vols intérieurs Rostov-Moscou. J’y ai passé des weekends, des semaines contraintes (pour refaire mon visa ou pour raisons professionnelles), à toutes les saisons de l’année. J’ai usé les semelles de mes chaussures à aller d’un endroit à un autre, car même après tous ces séjours, j’estimais toujours mal la distance d’un point à un autre.
J’avais raconté cette anecdote sur l’usure de mes semelles à ma prof de russe, qui avait éclaté de rire en me disant que c’est ce qu’on dit des Moscovites : ils marchent !
Naturellement, un séjour à Moscou ne peut pas s’envisager sans visiter le centre historique, la Place Rouge donc, la galerie Tretiakov et surtout le Kremlin.
Le Kremlin, c’est un endroit incroyable, qui mérite qu’on fasse la queue pour y entrer. Les musées sont exceptionnels, les 4 cathédrales toutes plus richement décorées les unes que les autres, la Tour d’Ivan le Terrible s’y dresse fièrement, et ne pas visiter la forteresse (Kremlin signifie en effet « forteresse ») serait vraiment dommage : il n’est fermé que quand le président russe y est, c’est-à-dire principalement quand il y a des réceptions officielles de chefs d’états étrangers.
Il est intéressant également d'aller voir les monuments de style dit "stalinien", le meilleur exemple étant l'Université de Moscou, mais il y a également 7 tours résidentielles tout autour du centre de Moscou - dont certaines rappellent le film Batman à la nuit tombée. Prenez par exemple la ligne 3 du tramway de la galerie Tretiakov à Chistiy Prudy, vous aurez une excellente vision de cette architecture, en plus d'une vue imprenable sur le Kremlin en traversant la rivière Moskova.
Le Kremlin depuis la Cathédrale du Christ-Saint-Sauveur
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Façade du GOUM sur la Place Rouge, l'ex grand magasin d'état, aujourd'hui devenu une triple galerie luxueuse
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L'Université de Moscou et son imposant bâtiment principal
Moscou est aussi une ville avec de magnifiques parcs, comme le Parc Gorki ou les Jardins de l’Ermitage (prenez-y un café, l’endroit est charmant). La Chocolaterie d’Octobre, qui devient un endroit branché, avec des cafés et des bars très agréables – on peut même réserver sa table avec vue imprenable sur le Kremlin et la Cathédrale du Christ-Saint-Sauveur, magique – mérite une halte.
Et puis, on trouve des monastères en plein centre-ville, certains très importants - et tous ou presque se visitent.
Et surtout, un endroit tellement improbable que c’est l'un de mes favoris : le VDNK, ex-expo « universelle » du socialisme, avec ses pavillons plus ou moins entretenus, ses allées interminables, ses boutiques kitsch, et ses locations de vélo que je vous encourage à tester pour visiter l’endroit car c’est naturellement immense. Variante d'hiver : louez des patins à glace et profitez de l'endroit à la nuit tombée.
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La Chocolaterie "Octobre Rouge", un endroit à la mode, face à la Cathédrale du Christ Saint-Sauveur
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Vue depuis la terrasse d'un restaurant à la chocolaterie "Octobre Rouge"
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Théâtre dans le jardin de l'Ermitage, et à proximité, en plein centre de Moscou, un Monastère en activité
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La monumentale porte d'entrée au VDNK et les fontaines avec les premiers pavillons de l'expo universelle du socialisme
L’un des monuments les plus emblématiques de Moscou est souterrain : le métro.
Certaines stations sont exceptionnelles, il faut admirer l’architecture, mais surtout les détails des décorations qui racontent l’histoire de la Russie et de l’URSS.
La plus étonnante pour moi est sur la ligne circulaire : Novoslobodskaya, avec ses vitraux, art peu répandu en Russie.
La plus architecturale : Mayakovskaya sur la ligne verte.
Mais en général, les stations de la ligne circulaire, surtout celles desservant les gares, sont les plus belles.
Il n’est pas inintéressant de visiter le métro de Moscou selon les phases de construction des lignes : vous verrez l’évolution du style architectural au fur et à mesure des décennies, avec quelques stations des années 80 assez intéressantes.
Station de métro "Mayakovsskaya"
Si vous avez encore de l’énergie et des semelles à vos chaussures, vous devez également visiter l’Anneau d’Or. Au moins Sergueev Possad (le Vatican orthodoxe), Vladimir et Souzdal. Il y a des trains pour les 2 premières destinations, pour Souzdal, il vous restera à expérimenter le trajet en marshroutka, ou mini-bus, depuis Vladimir.
Vue d'ensemble de Sergeev Possad - depuis la gare
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Sergeev Possad, église et marché de souvenirs ("Vernissage" en russe)
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Moscou n’est pas la ville la moins chère au monde, loin s’en faut. Ceci dit, vous ne serez pas totalement dépaysé si vous êtes habitué aux prix parisiens, mais les endroits branchés sont chers, et le deviennent de plus en plus. Il y a des cafés très agréables autour de l’étang des Patriarches et Kuznetsiy Most.
Et pour les plus russophiles ou amoureux de la culture russe : il y a d’extraordinaires opéras à Moscou, et pas uniquement au Bolchoï, un nombre impressionnant de théâtres, ainsi qu’un circuit à ne pas rater si vous êtes familier du livre « Le Maître et Marguerite » de Boulgakhov. Il vous mènera à son appartement dont les escaliers qui y mènent sont intégralement dédicacés par des fans et aux endroits emblématiques où se situe l’action du livre.
Moscou s’est refait une beauté ces dernières années, spectaculaire : plantation d’arbres, création d’un immense parc en pleine ville, piétonisation du centre-ville, ravalement de façades, implantation de vélos en libre-service, et un gros effort pour rendre le métro accessible aux touristes non russophones en indiquant les destinations et correspondances en anglais.
Il serait injuste de dire que Moscou est une ville calme et tranquille : c'est une ville qui ne dort jamais, et qui peut donner le tournis. Essayez de prendre le métro dans une station ramenant de banlieue vers la ligne circulaire à l'heure de pointe le matin, vous verrez que la situation vous rappellera les images du métro de Tokyo. Le métro de Moscou est tout simplement bondé !
Moscou est une de ces villes qu'on aime ou qu'on déteste (ou adore détester!). Un peu à l'image de Marseille à mon sens. Personnellement, j'ai choisi mon camp : j'aime beaucoup Moscou... !